Des nouvelles du blaireau
Il ne faut pas vendre la peau du blaireau avant de l'avoir tannée !
Petit rappel d'un article précédent :
[...] Blaireau que mon voisin avait trouvé mort sur le bord d'une route et qu'il était venu déposer derrière ma grange pour me faire une blague. Comme il avait les os du crâne en morceaux et que la route la plus proche est à deux kilomètres, j'avais quand même trouvé très bizarre qu'il ait réussi à se traîner jusqu'ici.
Quoi qu'il en soit, avant d'aller l'enterrer dans les bois, j'ai quand même récupéré sa peau et sa belle fourrure. N'ayant pas trouvé très vite et très facilement la bonne recette pour son tannage et les produits nécessaires, je ne suis pas certain de pouvoir la conserver. [...]
Bon, après avoir trouvé des tas de recettes de tannages toutes différentes et parfois contradictoires sur le net, j'ai maintenant des recettes sur papier (toutes aussi différentes et parfois contradictoires… )
J'ai envoyé par mel à un taxidermiste canadien réputé une recette recopiée dans un vieux livre, pour avoir son avis. Je pense qu'il tenait à garder ses secrets car il m'a juste dit "il manque des ingrédients et des étapes... Contacter un taxidermiste près de chez vous !...".
Mon voisin (qui était venu planquer l'animal derrière ma grange pour blaguer) a contacté un de ses amis, taxidermiste belge réputé, qui a envoyé une recette avec moins d'étapes et moins d'ingrédients.
Enfin, des amis en vacances aux Dames sont allés me chercher de l'alun à Argentat et ils ont fini par en trouver chez un pharmacien qui, devinant que c'était pour du tannage, est allé leur photocopier une fiche technique qu'il avait déjà testée avec succès sur des peaux de mouton. J'ai retrouvé à peu près les éléments du vieux livre, mais pas dans le même ordre…
Pas simple tout ça !
Quoi qu'il en soit, je poursuis l'expérience et vous fait part de mes constatations.
Le dépouillage
J'ai opéré un dépouillage ouvert et pas en fourreau (la peau est coupée au niveau du ventre, ce qui permet de la faire sécher à plat (ma grand-mère dépouillait les lapins en fourreau et laissait sécher les peaux suspendues comme ça, avec de la paille dedans).
Le dégraissage
Certaines "recettes" préconisent de dégraisser la peau de suite, d'autres de la laisser tremper dans de l'eau claire avant, d'autres de la faire sécher puis de la laisser tremper une nuit, d'autres encore de la laisser tremper plusieurs jours dans la solution de tannage avant de la dégraisser.
Comme il restait beaucoup de graisse et un peu de viande, j'ai choisi la première méthode. Mais comme c'était TRÈS long (à peine 10 cm2 de surface dégraissée par heure !!! Heureusement que mes voisins n'ont pas trouvé un éléphant ), j’ai fait ça sur plusieurs jours. Comme ça n'avançait pas et que la peau commençait à sentir, je l'ai mise dans l'eau entre deux séances de dégraissage et, à la fin, j'ai utilisé de la cendre pour aider (j'ai eu l'impression que c'était plus facile… mais toujours extrêmement long).
Les poils
Au bout de quelques séances de dégraissage, la fourrure a commencé à se détacher par plaques au niveau du ventre, puis de la tête et finalement partout.
Y'a visiblement eu un bug (ou plusieurs) quelque part
J'ai donc perdu la belle fourrure (dommage) mais j'ai gardé d'un côté les poils (je verrais si je ne peux pas en faire quelque chose. Des pinceaux, par exemple) et de l'autre la peau. L'expérience continue donc avec la peau seule pour en faire du cuir. Tout ne sera peut-être pas perdu.
Avant-hier, je suis enfin venu à bout du dégraissage, mais après avoir coupé les zones vraiment trop difficiles à nettoyer. L'animal avait eu une vie mouvementée car il avait des trous (de dents ?) au-dessus de la queue et la chair avait cicatrisé en formant de fortes adhérences à la peau.
La solution de tannage
J'ai utilisé le mélange préconisé par le taxidermiste belge et la fiche du pharmacien ; à savoir, pour 1 litre d'eau, 100 g d'alun de potassium et 75 g (100 g d'après le taxidermiste et 50 g d'après le pharmacien) de sel marin. Voilà, maintenant ça trempe (2 jours d'après le pharmacien et 10 d'après le taxidermiste… ).
Les seuls éléments communs à toutes les recettes :
- utiliser (au moins) de la poudre d'alun et du gros sel ;
- ne jamais tremper dans l'eau chaude ;
- faire sécher à l'ombre ;
- assouplir longement et énergiquement le cuir une fois la peau tannée.
Je ne sais pas pourquoi le poil s'est détaché mais mes voisins m'ont avoué que ça faisait déjà trois jours qu'ils avaient trouvé l'animal (qui venait d'être tué par une voiture). Ils m'ont promis que, s'ils en trouvaient un autre, ils me l'apporteraient de suite
Bon, d'ici une dizaine de jours, je saurai si le blaireau fourni un bon cuir...
En tout cas, j'ai été surpris par la finesse de la peau.
Concernant le blaireau en général
C'est un animal nocturne qui gîte dans des terriers (parfois des reprises de terriers de renards). Dans les pyrénées, j'avais trouvé un "nid" de blaireau momentanément inocupé dans une petite galerie d'une grotte.
De pelage noir et blanc, il est assez grand (jusqu'à 90 cm avec la queue).
Se nourissant essentiellement de végétaux, il n'en est pas moins omnivore.
Mal aimé des agriculteurs et des chasseurs, il est protégé dans de nombreux pays européens, mais pas en France ni en Allemagne. Par chez moi (d'après les chasseurs) son piègeage et sa chasse ne sont plus pratiqués (interdits ?) et sa population, comme celle du renard est importante dans la vallée. D'où peut-être l'étonnante absence totale de lapins, lièvres et érissons (ce que je regrette beaucoup concernant les érissons).
Depuis que je suis ici, j'en ai déjà vu plusieurs la nuit dans les phares de la voiture ou à l'aurore lors d'une balade. J'en ai même vu un de jour, ce qui est quand même assez rare.
Juste au dessus de ma source, j'ai trois relativement grosses entrées de terriers (blaireau ou renard ?). Il ont l'air anciens mais pour éviter la contamination de mon eau potable, j'ai préférer les enfumer pour en chasser d'éventuels habitants. J'ai mis des brindilles en travers pour contrôler les passages. Au début, mes brindilles étaient écartées mais, maintenant, plus rien ne bouge. Cet hiver, j'ai trouvé dans la neige les traces d'un tout petit animal qui est passé entre les branches mais c'est tout.
@ suivre...